Sweet Home - The Music Of Robert JOHNSON
(Pyeng THREADGILL)
[Date de rédaction: Lundi 31 Mai 2004]

"Sweet Home" sous-titré "The Music Of Robert JOHNSON". Une vraie promesse. C’est ce que nous donne
Pyeng THREADGILL, la promesse de revisiter avec son bagage jazz quelques titres d’anthologie, chers aux amateurs de blues.
L’album démarre en grandes pompes puisque le premier titre, "Love In Vain", brille de facettes presque soul.
"Phonograph Blues" reçoit ensuite des samples et je m’empresse de rassurer ceux qui ne les supportent pas (j’en fais partie), ils sont utilisés de façon remarquable, sans rendre un produit électronique ou un truc inhumainement limité. Ce sont les mêmes bonnes recettes qui sont appliquées un peu plus loin pour "I Believe I’ll Dust My Broom" et "They’re Red Hot" (excellente exploitation du rythme).
Pyeng a une voix superbe, empreinte de jazz bien sûr, avec finesse, subtilité, mais aussi un peu soul comme sur le premier morceau, et cette prestation est égale sur l’ensemble de l’album.
Quelle bonne idée d’utiliser le son profond et mélancolique du violoncelle pour servir de fond à "When You Got A Good Friend". Dana LEONG qui en joue se consacre à tous les instruments à cordes ici présents.
"Last Fair Deal Gone Down" devient un gospel des plus modernes avec une trompette jouée par Kevin LOUIS et une guitare acoustique très rythmiques.
Un bémol cependant à la transformation de "Dead Shrimp", trop méconnaissable, et "Sweet Home Chicago" qu’on a tant entendu qu’il est bien difficile de lui redonner une nouvelle jeunesse. Egalement, le long "Come On In My Kitchen" (9’11) souffre trop la sophistication.
Pour terminer, "Rambin’ On My Mind" est occupé par une guitare électrique très blues, tenue par Ryan SCOTT, qui renoue avec l’Histoire.
A voir la photo des intervenants dans le livret , la moyenne d’âge ne doit guère dépasser la trentaine. Comme il est agréable, et rassurant dans un sens, de voir ces jeunes gens s’intéresser et s’accaparer cette musique en gardant un regard sur le début du XXe siècle.
C’est là une démarche très jazzy de s’approprier une œuvre et de l’entraîner hors des sentiers battus.
Globalement, si les arrangements et l’interprétation sont très jazz et, il faut le reconnaître, dénaturent quelque peu l’origine blues et rustique des œuvres, le résultat est d’un tel niveau musical, tellement intéressant, inattendu, que cet album en tire toute sa légitimité et est à écouter absolument.
(
Random Chance Records [RCD-16] 2004 )
© Philippe ESPEIL
- Dernière modification: Lundi 31 Mai 2004