Railroad Crossing et Popa Chubby
à Salaise sur Sanne
[Date de rédaction: Dimanche 14 Octobre 2001]
Salaise sur Sanne, dans l’Isère, est un village à une demi-heure de Lyon, au sud de Vienne. Bien qu’étant une petite commune, un festival de blues y est organisé, principalement au printemps, mais fait durer le plaisir dans l’année par des concerts isolés. Ce samedi 13 octobre 2001, la soirée était consacrée à Popa Chubby et Railroad Crossing en première partie.

Le groupe Railroad Crossing, originaire de Saint-Etienne, est notamment composé des frères Védèche. Ces deux frères, Gérard et Alain, sont très connus depuis maintenant quelques années dans la région lyonnaise. Gérard a enregistré avec Liane Edwards, chanteuse-guitariste de country reconnue et tourne beaucoup avec le groupe d’Anabel, autre chanteuse-guitariste de country reconnue. Alain écrit et joue aussi pour Anabel. Mais c’est sous le signe du blues que Railroad Crossing a été créé.
Le concert a commencé avec Gérard et Alain en acoustique, sur des standards de blues. J’ai tout de suite retrouvé le son du dobro de Gérard que j’avais pu écouté une première fois quelques mois auparavant. Ensuite Alain, au chant, m’a stupéfait. Je ne m’attendais pas à ce que la voix aussi bonne. Il jouait l’accompagnement à la folk et nous avons alors eu quelques morceaux de vrai plaisir.
Le groupe s’est ensuite trouvé au complet avec l’arrivée de Mouss à la contrebasse et Fred Brousse à l’harmonica.
N’était-ce pas là une sorte de dream team ? Mouss et Fred sont aussi très connus dans la région lyonnaise pour avoir joué ensemble pendant quelques années. Actuellement, Mouss officie également dans un groupe de blues métissé avec des percussions nord-africaines. Fred, quant à lui, se produit avec les Zèbres et un second groupe, Brown Sugar. Autant dire que les occasions de les voir sur la région lyonnaise sont assez nombreuses et c’est tant mieux.

Alors que Gérard avait délaissé le dobro pour une folk, Mouss a apporté une base rythmique bien pensée, discrète mais efficace. Fred, que je connaissais de réputation en tant que guitariste, a été étonnant avec son jeu d’harmonica. Il a pris des solos bien construits, n’étant pas avare d’énergie.
Les quatre musiciens semblaient vraiment s’amuser sur scène, prendre du plaisir à jouer et ça a du être communicatif.
Ce sont surtout des classiques qui ont été joués, comme
Nobody Knows You When You’re Down And Out,
San Francisco Bay Blues (dont j’ai trouvé l’arrangement assez proche de celui de l’album " Unplugged " de Clapton - ce qui n’est déjà pas mal),
Key To The Highway dans une version revisitée (morceau que l’on trouve sur leur album " Livin On The First Floor ") de même que
Walkin’ Blues. Nous avons aussi eu droit à un titre écrit par Mouss, et un autre écrit par Fred Brousse. Ces deux chansons supportent très bien les textes en Français qui démontrent vraiment une qualité d’écriture. Ainsi, Railroad Crossing a conquis le public et ce fut pour moi une excellente surprise, une bonne découverte. J’aurais aimé que Mouss prenne plus de solo (car j’aime beaucoup le son de la contrebasse), j’ai beaucoup apprécié le chant de Alain et le son de Gérard au dobro (quel pied !). Fred m’a étonné à l’harmonica et j’attends de le voir à la guitare pour avoir un aperçu complet de son talent.

Pour la deuxième partie de cette soirée, c’est Popa Chubby qui est entré en scène. J’ai d’abord été rassuré en voyant que le groupe était composé de la même façon qu’à Tullins en 2000. J’avais beaucoup aimé ce concert, et avait un très bon souvenir du clavier que j’avais trouvé très bon.
A son habitude, Popa est rentré dedans tout de suite, chauffant la salle dès les premières minutes. Le son n’était pas trop fort (merci la régie) ce qui m’a permis d’apprécier les morceaux sans être assommé par les décibels. Le jeu de Popa est identique à lui-même, sans fioriture, gros son, et beaucoup d’effets scéniques. C’est finalement ce qui m’a le plus gêné. Les solos étaient longs, trop longs, beaucoup plus qu’à Tullins et n’étaient pas particulièrement intéressant, peu inventifs. Mais bon, c’est ça Popa chubby. Cela permettait sans doute à Popa d’assurer le côté show, ce que le public a visiblement apprécié. Les titres interprétés étaient surtout issus de l’album " How’d A White Boy Get The Blues " comme
Time Is Killing Me et de " One Million Broken Guitars ". Nous avons aussi eu droit à une version de
Hey Joe que l’on trouve sur " Flash Back " allongée pour l’occasion, où Popa a fait quelques plans hendrixiens.
A un moment, histoire d’épater un peu la galerie, un solo de batterie fut approximativement joué par Popa qui fut ensuite rejoint par le bassiste. J’ai trouvé le bassiste (à la basse) plus intéressant (plus réveillé sans doute, qu’à Tullins

) et le clavier a été encore une fois spectaculaire et exemplaire de dynamisme.
Ce concert m’a donc plu par le fait que le son (bien que parfois anormalement saturé) permettait d’écouter agréablement les morceaux de guitare, des morceaux tout de même très blues-rock, la présence du claviériste ajoutait un plus indéniable aux morceaux, puis l’image amusante du méchant nounours que se donne Popa Chubby le rend charismatique et nous avons ainsi pu passer un bon moment.
Article paru dans
La Gazette de Greenwood No 39.
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© Philippe ESPEIL
- Dernière modification: Mardi 18 Décembre 2001