Philippe MENARD, Barefoot Iano, Jim KAHR,
Doodlin’, Jack BON, Melvin TAYLOR
à Salaise-sur-Sanne
[Date de rédaction: Mercredi 19 Avril 2006]

Le power-trio-à-lui-tout-seul,
Philippe Ménard, venait de sa région nantaise nous ébouriffer les oreilles. Derrière sa batterie, son harmo et ses guitares, il est sans nul doute le seul à pouvoir faire aussi bien sonner ses instruments, usés, bricolés, trafiqués.
Philippe nous assène une ribambelle de blues, de rocks, de boogies, tous plus entraînants les uns que les autres, tous plus endiablés devrais-je dire car, en l’écoutant au détour d’un "Croosroads", on veut bien croire à cette puissance qui fait jouer comme nul autre. Comme il dit avec malice : "Après tout, il y a bien un type qui a dit qu’il était le fils de Dieu, et on l’a cru".
Philippe ne pourrait faire un show sans rendre hommage à son maître Rory. L’Irlandais à la stratocaster serait très touché de voir autant de dévotion à sa musique.

Trop court pour lui, trop court pour nous, on en aurait voulu encore mais il fallu passer son tour.
Barefoot Iano qui suivit se produisait ce soir-là avec son groupe au complet : Marco BONNEFOY à la guitare, Malcolm POTTER à la basse, (Patrick ARGENTIER ?) à la batterie.
Ce grand gars, pieds nus sur scène, a parcouru les titres de ses deux albums "High On Life" (chroniqué ici même) et "I Got A Feeling" (tous deux disponibles dans le CDshop) mêlant blues et folk, illustrant chaque morceaux par une petite explication de texte souvent poétique et amusante.
Cependant, je ne l’ai pas trouvé aussi à l’aise sur cette grande scène que les précédentes fois où j’ai pu le voir en petite et intime formation ou en invité. Son show avait pour ambition de créer une ambiance dans laquelle je n’ai pas réussi à entrer. Le contraste avec Philippe MENARD était peut-être aussi trop fort.
Jim KAHR s’est fait un nom à Chicago et en partageant les planches avec non moins que John Lee HOOKER, Bobby "Blue" BLAND Junior WELLS, Charlie MUSSLEWHITE, ou encore Koko TAYLOR. De nos jours, son activité est devenue très importante en Allemagne où il réside.
Lunettes façon miroir, jeans et chapeau sur la tête, arc-bouté sur sa guitare, il a lancé un concert par un long instrumental et chaque titre était également longuement introduit. Beaucoup de musique donc, peu de chant, et un climat entre blues et rock, voire funk ou jazz, où les notes se font souvent planantes.
Le monde musical de Jim KAHR était, ce soir, étayé par un claviériste à qui Jim a accordé beaucoup de place, et un jeune bassiste fabuleux qui a exécuté un conséquent et remarquable solo.
Globalement pas très bleu, Jim KAHR aura tout de même posé ses bottes dans notre région et proposé son spectacle apparemment apprécié par le public de Salaise.

Deuxième partie de ce 19ème festival blues, les provençales
Doodlin’ avait amené dans leurs bagages un contrebassiste, un pianiste, et un trompettiste. Dédié au jazz et au swing, le tour de chant de ce trio féminin est bien rodé et plein d’humour. La tenue vestimentaire, dans le style d’époque, est soignée et les personnages bien choisis : au choix, pin-up blonde ou brune Betty Boop.
Si les musiciens accompagnateurs ont très bien assuré leur partie, il faut accorder une mention spéciale au trompettiste Michel BARROT dont on fêtait les soixante printemps et sans qui le concert aurait été tout différent.

Ses interventions ont été très agréables et il participa avec enthousiasme au jeu de scène de ses adorables compagnes.
Cette première partie fut un succulent apéritif.
Qui ne connaît pas
Jack BON dans la région lyonnaise ? Partout racontant l’histoire du blues avec son "Blues Boom", parfois en duo occasionnel avec d’autres musiciens lyonnais, ou dans nos souvenirs avec feu Ganafoul, il ravive la flamme aujourd’hui avec sa formation "Electric Combo". Sa musique est "faite pour s’amuser, pas pour se prendre la tête". Dépoussiérant quelques morceaux blues-rock, le gros son fut de sortie pour une heure et demie explosive.

Enfin, la tête d’affiche Melvin TAYLOR, déjà vu à Vienne il y a quelques années, m’avait à l’époque, et pour être sincère, particulièrement ennuyé.
Heureusement, cette opinion certes totalement personnelle était sur le point d’être mise à mal dès les premiers titres. Outre quelques effets visuels bien réussis mais ô combien dispensables, Melvin s’est montré plus sage, et plus intéressant aussi du fait que les trois ou quatre premiers morceaux ont montré l’éventail de ces capacités. Mais au-delà, répétitif et très froid, Melvin reste encore ce Monsieur Plus de la note, tant et si bien que chaque mesure déborde. Ce déluge donne un résultat dont j’ai eu du mal à saisir la cohérence.
Spectaculaire expérience musicale ou exercice virtuose très réussi, j’ai ressenti la désagréable frustration de n’avoir pas compris l’intérêt de sa chose. L’utilisation systématique de la pédale wah-wah, l’imitation de Carlos SANTANA, la reprise de "Téquila" m’ont laissé pour le moins perplexe. Melvin TAYLOR est peut-être un génie mal compris.
Cette année encore, à croire que cela va devenir une caractéristique de ce festival, l’équipe de Salaise a su mettre en exergue des premières parties de grande qualité. Déjà se profile la programmation de la nuit du blues d’octobre (Little Bob, et The Animals) et le public appréciant le mariage du blues et du rock peut se montrer fidèle à ces rendez-vous ; il ne le regrettera pas.
"I Want An AC Cobra !" de Philippe MENARD,
"High On Life" et "I Got A Feeling" de Barefoot IANO sont disponibles depuis le

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© Philippe ESPEIL
- Dernière modification: Mercredi 31 Mai 2006