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Willie KENT et Big James


au Centre Ch. CHAPLIN



[Date de rédaction: Mardi 30 Mars 2004]



Willie KENT
Traditionnellement, la nuit du blues du festival A Vaulx Jazz a lieu au Centre Culturel Ch. CHAPLIN et est une date à ne pas manquer. Cette année, le Chicago blues était à l'honneur avec la formation de Willie KENT & His Gents et celle de Big James & the Chicago Playboys.

Il n'est même plus la peine de présenter Willie KENT tant ce géant de la basse officie depuis longtemps au sein du circuit du Chicago blues. Après quelques albums remarqués chez Delmark ces dernières années, c'est avec un groupe de haute volée qu'il se présentait à nous.
Première surprise, le concert a commencé avec Willie KENT assis près de la batterie de Harrison JEFFERSON, au fond de la scène, si bien que c'est son guitariste, Haguy F. KING, qui a pris les choses en main. Etait-il fatigué, malade ? Pourquoi n'était-il pas plus mis en avant ? Non, on verra plus tard que c'est le spectacle qui est structuré comme cela.
Haguy F. KING
Et puis justement, cela nous a permis de profiter de ce guitariste. Jeune, blanc (ce fut le seul de la soirée), il jouait sur une Télécaster et son jeu n'était finalement inconnu pour personne. Bon sang, ce son ! Un mélange de Albert COLLINS et Albert KING dont la ressemblance du jeu est poussé à l'extrême. On s'y croirait. Notamment lors d'un solo, long, très long, mais bon. Des notes aiguës, incisives, plaintives, bourrées de feeling, qui m'ont laissé des frissons dans le dos. Pour moi, un fan de ces deux grands guitaristes texans, ce fut une apothéose.
Certes, son jeu manque de personnalité tant il est semblable à celui de ses mentors, mais ce guitariste a le mérite de jouer à la manière de tout en respectant ces musiques originelles, en les faisant revivre. Ah, il y a longtemps que je n'avais pas été scotché à ce point !
Dans un autre style, plus traditionnellement Chicago, Jake DAWSON était plus discret mais a su se montrer également excellent principalement à la rythmique et lors de quelques phrases bien senties.
Dans un deuxième temps, Patricia SCOTT a fait son entrée en scène. Grande chanteuse, elle a surtout interprété des reprises nettement plus tintées rythm'n blues. Le set a alors pris une tout autre couleur. Willie KENT a commencé à venir au micro. Quant à Haguy, il s'est cantonné à la ryhtmique, le style ne lui convenant apparemment pas autant. Par contre, ce fut l'occasion pour le claviériste Ken BARKER de se faire entendre.
Avec beaucoup de présence et une belle voix parfois poussée, Pat SCOTT a entrepris de faire bouger le public plus réceptif à des titres connus.
Enfin, la troisième partie de ce concert était dévolue à la vedette de la soirée, Willie KENT. Retour au Chicago blues pur et dur. Cette fois en leader, la voix et le charisme de cet homme font tout. Il captive, la basse roule, efficace. Une partie de chant à côté du micro fut un grand moment de la soirée tant l'émotion était présente, et les premiers rangs (les seuls à entendre ?) étaient attentivement à l'écoute de ce grand monsieur dressé devant eux.
Décidément, le blues procure des instants de bonheur.

Big James
Après un changement de plateau, ce fut au tour de Big James MONTGOMERY et ses musiciens de faire leur entrée.
Section de cuivre au premier plan, celle-ci n'est cependant constituée que du saxophoniste Charlie KIMBLE et, bien entendu, de Big James dont le trombone est l'instrument de prédilection.
Après du Chicago blues tel que le groupe de Willie KENT a pu nous le jouer, il faut s'attendre à un choc à la limite de la déception. En effet, le style est varié, basculant aisément dans le rythm'n blues et se mariant allégrement avec le funk.
Le personnel, tous jeunes, fait preuve d'une qualité d'instrumentiste indéniable.
Discret, le saxophoniste Charlie KIMBLE est tout de même très impliqué et sonne bluesy. A la guitare, le jeune Michael WHEELER reste posé, on le sent même retenu ce qui sera confirmé sur la fin du concert où il se libèrera un peu et donnera quelques morceaux plus musclés.
L'imposant Big James, arborant ses tatouages de taulards, a une belle voix, puissante, très soul. La modernité du blues est ici présentée dans sa forme la plus professionnelle. Le show est carré, bien rodé, peut-être même trop aseptisé et manquant de spontanéité, mais dans tous les cas de haut niveau.
Après l'interprétation de nombreux titres issus du dernier album de Big James, la fin du concert se conclura par un titre trop rock pour être dans le sujet et "Sweet Home Chicago".

A l'issue de cette soirée, reste le souvenir d'un événement créé par la présence de Willie KENT, un moment de grand blues qui aura permis de perpétuer, cette année encore, l'excellente réputation de ce festival et de sa nuit du blues.


© Philippe ESPEIL Dans les emails, remplacez _A_ par @ - Dernière modification: Jeudi 01 janvier 2004