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Les Colporteurs, Connie LUSH, Andy J. FOREST


au Toboggan



[Date de rédaction: Dimanche 28 Septembre 2003]



Ce vendredi 19 septembre voyait l’initiation d'une première nuit du blues du Toboggan, centre culturel de Décines en banlieue lyonnaise. L’affiche était attrayante, annonçant le retour des Colporteurs, la petite britannique qui monte, Connie LUSH, et le maintenant réputé Andy J FOREST.

Les Colporteurs doivent avoir plusieurs centaines de concert à leur actif, mais... il y a déjà quelques temps. C’est donc un retour en scène qui nous était offert ce soir, en première partie.
Un peu coincé par le trac (qui ne l’aurait pas été ?), Alain Michel nous a présenté leur nouveau répertoire, construit autour de compositions personnelles, presque totalement en Français.
Guitariste, mais surtout harmoniciste enthousiaste, Alain nous a donné du blues sous des formes variées, surtout influencées par la musique louisianaise et cajun, mais aussi proches de la chanson française traditionnelle. Sa voix n’est pas sans me rappeler des airs d’AZNAVOUR. Les textes sont bien ficelés, empreints d’humour, et agréables à écouter.
Le cousin de Alain, Pierre-Jean, tient la guitare et réalise les solos. Ce musicien semble beaucoup plus dans l’esprit du blues. Il a cette culture et cela se retrouve dans son jeu ; De belles phrases bluesy bien exécutées, et en particulier le "Pay Day" de Mississippi John HURT.
L’accompagnement de ce duo familial était constitué d’un batteur, d’un bassiste, et de Carine, l’accordéoniste.
A revoir à Salaise Sur Sanne le 11 octobre.

Ce n’est même plus une découverte tant sa réputation enfle de ce côté-ci de la Manche. Connie LUSH, la chanteuse venue de Liverpool, déborde d’énergie dès qu’elle est sur scène. Sa voix est puissante et un peu rugueuse me fait penser à Tina TURNER ou encore Aretha FRANKLIN.
Un autre point qui la rapproche de Tina est sa présence scénique qui dynamise réellement le spectacle. Ce petit bout de femme est détonant.
A sa droite, le guitariste Johnny LEWIS a également été remarquable. Tenant des riffs avec discrétion et efficacité, il devenait captivant dans ses solos. Calme, maître de son jeu, son attitude est plutôt stoïque, mais quelle qualité de jeu !
Un autre de ces musiciens qui fut tout aussi agréable, le bassiste. Terry HARRIS, à la ville le mari de Connie, a une façon de jouer très chaloupée.
J’ai aussi noté le batteur qui a fait preuve de subtilité, de souplesse, bénéficiant par ailleurs d’un son, dans la salle, vraiment excellent.
Les titres joués furent en partie issus des deux albums que Connie LUSH a à son actif. De "Unfaithfully Yours ?", nous eûmes "Standin’", "Shoppin’", et "Guilty", un slow blues de Randy NEWMAN avec l’assistance de Johnny au bottleneck. Du "Live At The Royal Albert Hall", ce fut "Keep Me Hanging On" et "Dog". Outre des reprises de Howlin’ Wolf et Bobby Bland ("24 Hours Of The Day"), Connie a aussi interprété "I Can’t Stand The Rain".
Un gospel de Tony Joe WHITE, "Out Of The Rain" tint lieu de rappel.

Enfin, le troisième concert de cette soirée blues était réservé à la tête d’affiche, Andy J FOREST.
Débutant le concert avec un instrumental emmené par le guitariste Heggy VEZZANO, c’est ensuite un morceau soul qui a été interprété par le claviériste, montrant une belle voix puissante.
Puis ce fut l’entrée de Andy J. FOREST, fidèle à lui-même, toujours aussi énergique.
Amateur de musique louisianaise lui aussi, Andy se démarque à l’harmonica avec un style très dynamique, technique, mais où la technique vient servir le spectacle et pas seulement la virtuosité.
Autre instrument de prédilection, plus pour le fun : le frottoir.
Le répertoire n’ayant pas changé depuis l’an passé, il n’y eut pas pour moi de réelle découverte. J’ai cependant retenu la reprise de "La Grange" des ZZ Top qui a bien emballé le public et l’étrange ambiance de "Voodoo Lips" qui mêle effets musicaux planants et inquiétantes complaintes d’harmonica, ainsi qu’un court "Star Spangled Banner" détourné à la Jimi HENDRIX.
Bien sûr, il y eut "Crazy Legs", titre bien nommé tant la longue silhouette d’Andy se contorsionne et ondule au rythme de la musique. C’est sur ce titre qu’Andy décide de faire participer le public. Ayant distribué des frottoirs à quelques personnes proches de la scène, tout le groupe s’est retrouvé au milieu des spectateurs, chacun avec un instrument de percussion, le temps de monter puis redescendre les gradins.
Parmi les musiciens accompagnateurs, le batteur a été très mesuré et le bassiste ne tarissant pas de mouvements souples sur le manche sa basse. Cette rythmique et, encore une fois, le son de cette salle furent un régal.
Pour le rappel, Connie LUSH est venue rejoindre Andy sur scène, donnant lieu a une joute vocale avec le claviériste.
Si le show fut un peu moins explosif que l’année précédente au Ninkasi Kao, ceci est peut-être à mettre sur le compte du voyage, Andy venant d’arriver par avion, peu de temps avant le concert d’après ce que m’a dit Alain MICHEL.

Cette nuit du blues fut donc un succès musical et il est à espérer que le Toboggan saura perpétuer l’expérience dans ses prochaines programmations, d’autant que l’affiche était plutôt courageuse ne cédant pas aux artistes "blues-rock" convenus et à la mode qui foisonnent actuellement. Ce choix culturel est une marque de qualité et est plus qu’appréciable.

A signaler que le vendredi suivant, en guise d’épilogue à cette nuit du blues, le Toboggan avait prévu, dans le cadre d’une soirée "Spéciale Chicago", la projection du film "Les Incorruptibles" de De PALMA suivi d’un concert de blues acoustique mené par un duo lyonnais de choc, Fred BROUSSE et Tomek DZIANO. De même, durant ces quelques semaines, une exposition photographique de Rajak OHANIAN intitulée "Chicago, portrait d’une ville" prenait place au Toboggan. Un coup de chapeau à cette rentrée thématique bien pensée.


© Philippe ESPEIL Dans les emails, remplacez _A_ par @ - Dernière modification: Dimanche 28 Septembre 2003