Bo And The Repaers, Miguel M, Sam MYERS & The Rockets
à Salaise Sur Sanne
[Date de rédaction: Mardi 08 Avril 2003]

Je ne connaissais pas
Bo And The Reapers.
Bien que de Clermont-Ferrand, ce groupe ne passe que rarement dans la région lyonnaise et sa bonne réputation était tout ce que je savais de lui. De plus, la formation vient juste d’être remaniée (elle s’appelait Mo And The Reapers) avec l’arrivée d’un nouveau harmoniciste en la personne de Harp Aïssa.
Rapidement, il fut évident que Aïssa, qui joue aussi avec les
Sunbirds lyonnais, était déjà parfaitement intégré au groupe. Aïssa est un harmoniciste sur lequel on peut compter. Bon instrumentiste, il n’a pas eu de difficultés à produire de longs solis, agréables, variés. Il s’est trouvé mis en valeur sur plusieurs titres, dont un hommage à Billy Boy ARNOLD. Son jeu passe bien même sur "Blue Mangueira" qui est délibérément inspiré de la musique brésilienne.
Jean-Michel a eu de longs dialogues avec lui. Il y a un échange entre ces deux musiciens qui est frappant et réjouissant. Jean-Michel parle beaucoup entre chaque titre pour présenter le morceau qu’ils vont jouer. On peut ne pas apprécier parce que ça casse la dynamique du concert. Moi, j’aime bien, ça me permet d’apprécier différemment la chanson.
A mon étonnement, Jean-Michel joue lentement, est économe de notes. Je l’imaginais plus fougueux alors qu’il semble peu sûr de lui ou bien peut-être était-il impressionné par le fait de jouer sur une grande scène avec sa nouvelle formation.
Il communique beaucoup avec ses musiciens, mènent son petit monde en distribuant les solis à ses compagnons, dont Pascal PINEDE, dit Pin’s.
Pin’s est très bon guitariste rythmique. Un peu trop en arrière à mon avis, trop discret, il semble pourtant à l’aise et j’aurais aimé le voir prendre un ou deux solos de façon plus expansive. J’espère le voir d’ici peu au sein des "Patient Wolves" de Laetitia GOUTTEBEL.
Les titres choisis correspondaient pratiquement au contenu de leur dernier CD "Blues Memories" : entre autres "I Heard Billy Boy Blow", "Jammin’ At Dan Lynch", "Blues for George Bush" en allusion à l’actualité irakienne, "Goin’ To Clarksdale" et "Voodoo In My Head" de leur précédent album "Hot’n Spicy"
Au final, j’ai gardé l’agréable impression d’assister à un groupe de copains venus donner un concert, passer un bon moment. De bons ingrédients pour une ambiance sympa et amicale.
Les autres musiciens étayant rythmiquement sont, à la contrebasse, Jeff TRONELLE et (si mes souvenirs sont bons) Stéphane 'Typhon' LEBLANC à la batterie.

A la suite de BO And The Reapers, c’était un autre groupe français qui entrait en scène et autant dire qu’ils étaient nombreux. En plus du trio habituel chant-guitare, basse, batterie (Pat MACHENAUD), on trouve un second guitariste, un clavier, et une section de cuivre composée d’un trombone, un trompettiste, et un saxophoniste. Une grosse machine instrumentale.
A la tête de ce rouleau-compresseur musical, Miguel M. Il a une réelle attitude de leader et il en faut pour mener un show très pro comme celui qui nous a été donné, d’autant plus que ce musicien est encore très jeune.
Miguel M a une voix qui passe bien. Une présence scénique indéniable renforcée par sa gestuelle et sa façon de chanter qui fait parfois, certes, un peu (trop ?) théâtrale mais a le mérite de permettre la communication avec le public.
Son jeu de guitare est hargneux et correspond tout à fait au dynamisme que Miguel veut donner à ses interprétations.
Autre guitariste à ne pas oublier, c’est le guitariste rythmique (Fred SOUCHE ?). Nouveau venu au sein de la formation, il remplace Lorenzo SANCHEZ qui avait déjà fait beaucoup parler de lui avec Miguel M. Le remplacement est peut-être encore un peu trop récent car ce second guitariste s’est montré très réservé.
Doué pourtant d’une bonne technique, il m’a semblé manquer d’assurance sur sa Signature SRV.
Les morceaux, dont "Five Long Years" de Eddie BOYD, sont longs car l’ensemble des musiciens trouve son mot à dire dans chacun des titres.
Sur la fin du concert, Miguel s’est offert une descente dans le public qui fut l’occasion d’un moment d’improvisation avec un harmoniciste présent dans le public. Le chant a cappella n’est cependant pas son fort et cette descente, même si elle est une des ficelles du show, n’était pas indispensable. Cela nous a permis de constater que le groupe a son intérêt dans son ensemble qui dégage une forte puissance.
Au rappel, Miguel M a fini d’emmener son public avec "Get Up, Stand Up" de Bob MARLEY.

Puis le moment tant attendu est enfin arrivé. Sam MYERS et Anson FUNDERBURGH sont entrés en scène.
Je fut immédiatement frappé par le handicap de Sam. Malvoyant à un stade important, son regard a quelque chose de déroutant. Ses yeux cherchent une vision qu’ils ne trouvent pas, ses gestes sont lents, prudents, et maladroits. Il y a un côté pathétique à le voir ainsi sur scène. Mais sa présence se révèle lorsqu’il se met à chanter. Sincèrement, là aussi le chant est hasardeux, mais cet homme a un charisme phénoménal. Le public est attentif, on sent un grand respect envers ce musicien qui représente d’une certaine manière une légende.
Autre choc lorsqu’il joue de l’harmonica. On est en présence d’un grand, sa renommée n’est pas usurpée. Sélectionnant ses harmonicas dans une longue et large cartouchière qui le ceint et lui permet de ranger en ordre ses petits instruments, il nous a interprété beaucoup de standards du Chicago blues.

Sa musique est servie par un Anson FUNDERBURGH formidable. Excellent guitariste, il est derrière Sam, apportant un jeu précis, incisif, et plein de feeling. Il joue sans esbroufe, de façon très élégante. Son attitude sérieuse et sa maîtrise de tout ce qui se passe sur scène affirment un peu plus cette impression.
Derrière, on a le batteur Wes STARR, le bassiste Eric PRZYGOCKI et le pianiste-organiste John STREET.
En guise de rappel, un titre supplémentaire nous a été chanté par Alain RIVET, le retour sur scène de Sam MYERS n’étant sans doute (tout au moins, je pense) pas facilité de par le besoin de devoir l’accompagner dans ses déplacements et la fatigue qu’il devait supporter.
Au souvenir de cette soirée, il me reste le plaisir d’avoir passé un agréable moment, tant pour avoir découvert des groupes de grande qualité, que pour le sentiment que ce moment a aussi quelque chose d’historique avec la présence de Sam MYERS même si, en plus de son handicap, son diabète et son tabagisme sévère, sa santé ne lui a certainement pas permis de donner le meilleur de lui-même.
Avec cette seconde soirée et
la superbe prestation de john HENRY la veille, cette édition 2003 du festival de blues à Salaise Sur Sanne a été un franc succès et mérite un coup de chapeau à l’équipe organisatrice qui, deux fois par an, propose ce genre de concerts aux amateurs de blues de la région lyonnaise.
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© Philippe ESPEIL
- Dernière modification: Dimanche 04 Mai 2003